Déclaration liminaire du CIPL lue au Conseil d’Établissement du 09/12/2025

Nous vous invitons à lire la déclaration liminaire lue hier au Conseil d’Etablissement du LFCG.
Prenez également connaissances des questions posées par les représentants des parents auxquelles la Direction de l’établissement a refusé de répondre.

Madame la Proviseure, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’établissement,

Les familles du Lycée Charles de Gaulle (LFCG) traversent aujourd’hui une crise de confiance sans précédent.
Le coût de l’éducation française à Londres s’est progressivement déconnecté de la réalité économique, des engagements pris, et même des obligations légales de l’AEFE.

Un élève diplômé en 2026 aura coûté £105,000 à sa famille, de la Moyenne Section à la Terminale.

Durant cette période, les frais de scolarité ont augmenté de 123%, alors que l’inflation cumulée n’a été que de 45%, et que les frais universitaires anglais — voie majoritaire pour nos élèves — n’ont progressé que de 6%.

Face à cet écart vertigineux, les familles posent une question simple : comment justifier une telle dérive tarifaire alors que l’article L452-2 du Code de l’éducation impose à l’AEFE de veiller à la stabilisation des frais de scolarité ?
Les familles entrant cette année en Moyenne Section s’interrogent déjà : devront-elles payer £225,000 pour la scolarité complète de leur enfant ?

Nous sommes face à une rupture structurelle entre les objectifs affichés par l’AEFE et les décisions effectivement prises.
Les conséquences sont déjà là : baisse des effectifs dans les petites classes, et pour certaines familles, la perspective de quitter le système français ou de séparer des fratries, faute de pouvoir suivre des hausses devenues insoutenables.

L’an dernier, les familles avaient formulé deux demandes raisonnables :

  • aménager le calendrier d’application de la TVA,
  • suspendre la hausse de 4%, compte tenu de la trésorerie disponible, des économies générées par la TVA et de la récupération de TVA possible avant immatriculation.

Ces demandes ont été refusées, alors même que :

  • le CFBL et le LIL (Lycée International Winston Churchill) gelaient leurs tarifs pour 2025-2026 ;
  • l’AEFE réduisait la contribution due par le LIL, allégeant ainsi la charge pesant sur ses familles ;
  • et que l’AEFE justifiait le maintien de la hausse au LFCG par un simple « engagement moral », alors que les critères de révision, publiés sur le site du LFCG étaient parfaitement applicables.

De plus, le règlement financier prévoit que les frais de scolarité ne sont ni remboursés ni réduits en aucune circonstance. Comment justifier qu’une telle rigidité s’applique pour des services facturés avec TVA ?
L’incompréhension se transforme en sidération lorsqu’on constate que l’AEFE, qui a instauré depuis 2009 une contribution de 6 % indexée sur les frais de scolarité pour financer l’entretien des bâtiments et les pensions civiles, propose aujourd’hui de nouvelles hausses dans son Conseil d’administration du 27 novembre 2025 pour financer… ces mêmes postes.

Les familles financeraient donc deux fois la même chose.

Dans son dernier Contrat d’objectifs et de moyens, l’AEFE déclarait pourtant :

« La transparence de l’action publique et le devoir d’information de la communauté éducative nécessitent de repenser la gouvernance du réseau. La contribution des parents doit conduire à une meilleure prise en compte de leurs avis. L’AEFE veillera à renforcer sa relation de confiance avec les parents et leurs représentants. »

Aujourd’hui, force est de constater que nous en sommes loin, et que la situation n’est plus soutenable.

Les familles ne contestent ni la nécessité de financer l’excellence pédagogique, ni la rénovation indispensable des bâtiments. Elles contestent l’idée que ces objectifs ne puissent être atteints qu’au prix d’une inflation tarifaire sans contrôle, sans visibilité, et en contradiction avec les obligations légales de l’AEFE.

Les familles n’ont pas oublié non plus qu’en 2015, l’AEFE a prélevé 3,5 millions d’euros sur les réserves du LFCG au titre de la solidarité du réseau — un prélèvement qui a durablement limité les capacités de rénovation et d’investissement de l’établissement. Cette décision continue d’alimenter un sentiment d’injustice, car les familles estiment payer aujourd’hui les conséquences d’une ponction passée qui n’a jamais été compensée.

C’est pourquoi, si l’AEFE souhaite réellement “renforcer sa relation de confiance avec les parents”, un changement de cap clair, concret et tangible est indispensable.

Les familles demandent :

  1. Un réexamen et l’annulation de la hausse annoncée, au regard de la trésorerie, des économies liées à la TVA, de la récupération de TVA, d’un plan crédible de maîtrise des dépenses de fonctionnement et des pratiques des autres lycées français de Londres.
  2. La garantie que les réserves du LFCG ne feront plus l’objet de prélèvements unilatéraux, au regard du précédent de 2015 (3,5 M€ prélevés), afin que les fonds constitués par les familles soient exclusivement affectés aux besoins du LFCG, conformément au principe d’autonomie budgétaire des EGD.
  3. Une gouvernance financière plus transparente, avec accès aux données, aux arbitrages et aux critères motivant les hausses,
  4. Une trajectoire tarifaire conforme à la loi, stabilisée selon l’article L452-2 et alignée sur l’économie locale.
  5. Une prise en compte effective des avis des parents, non comme un rituel consultatif, mais comme un élément structurant des orientations financières, notamment pour l’évolution des frais et les projets immobiliers, conformément au Contrat d’objectifs et de moyens et à la circulaire AEFE 732 du 21 juin 2022.

Si notre déclaration se concentre aujourd’hui sur l’accessibilité financière, c’est parce qu’elle conditionne l’accès même au système français.

Mais le CIPL souhaite rappeler, avec force, qu’il est prêt à porter les priorités des parents et à contribuer de manière constructive sur l’ensemble des sujets essentiels de la vie scolaire, notamment les sujets relatifs au safeguarding et au bien-être :

  • garantir la confidentialité des données sensibles des élèves ;
  • lutter contre le harcèlement, la discrimination et le racisme ;
  • favoriser l’inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP) ;
  • améliorer les conditions des repas, enjeu d’équité et d’inclusion ;
  • renforcer la sécurité à l’intérieur comme à l’extérieur de l’établissement.

Et aussi les sujets structurants tels que :

  • l’attractivité et la pérennité démographique du LFCG (soutien aux familles, grands travaux …),
  • le renforcement des mesures non punitives,
  • les enjeux pédagogiques et numériques, notamment la stratégie d’IA du LFCG,
  • l’efficacité administrative,
  • la communication et la transparence de l’information.

Les familles du LFCG sont profondément attachées à l’enseignement français, à son excellence et à son ambition. Elles expriment une reconnaissance sincère envers les équipes pédagogiques et administratives pour leur engagement quotidien.
Mais cet attachement ne peut perdurer que si l’accès à ce système reste économiquement soutenable et si les engagements publics de l’AEFE sont respectés.

Aujourd’hui, les familles ne demandent ni faveur, ni exception.

Elles demandent simplement que la continuité du service public d’éducation française à l’étranger soit garantie dans un cadre équitable, lisible et conforme aux obligations de l’Agence.

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